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placé par le Roi, n’est que le président. De quel droit veut-il que j’oblige des hommes ou des femmes de cette contrée à se livrer à vous ? cette action serait celle d’un despote ; et Ferdinand sait bien qu’il ne l’est pas ici. J’aime aussi toutes ces choses-là ; mais j’en jouis fort peu dans ce séjour, où il n’y a point de filles publiques et fort peu de valets ou de fainéans ; néanmoins, comme vous payez fort bien, à ce que Ferdinand m’écrit, je vais faire proposer à la veuve d’un marchand, de vous livrer ses trois filles ; elle aime l’or, et je ne doute pas qu’elle ne se laisse séduire par le vôtre. Ces filles, nées à Caprée, sont âgées, l’une de seize ans, la seconde, de dix-sept, l’aînée, de vingt ; c’est ce que nous avons de plus beau dans ce pays : que donnerez-vous ? mille onces par fille, dit mon amie, l’argent ne nous coûte rien pour nos plaisirs ; nous en promettons autant pour toi, gouverneur ; mais il nous faut trois hommes. Aurai-je la même récompense pour eux, dit l’avare officier : oui, dis-je, nous ne marchandons jamais ces choses là ; et le cher homme, ayant tout fait préparer pour cette scène lubrique, ne