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aussi, dit Ferdinand. Les rois favorisent toujours la religion, elle prêta de tout tems des forces à la tyrannie ; quand l’homme ne croira plus en Dieu, il assassinera ses rois. Il commencera peut-être par là avant que de détruire sa religion, répondis-je ; mais il est bien sûr, que quand il aura culbuté l’un, il ne tardera pas à renverser l’autre ; et si c’est en philosophe que vous voulez juger ceci, et non pas en despote, vous conviendrez que l’univers n’en serait que plus heureux, s’il n’y avait ni tyrans, ni prêtres ; ce sont des monstres qui s’engraissent de la substance des peuples, et qui ne leur rendirent jamais d’autres services que de les appauvrir ou de les aveugler. Cette femme-là n’aime pas les rois, dit Ferdinand ? Ni les Dieux, répondis-je ; je vois les uns comme des tirans, les autres comme des fantômes ; et je trouve qu’il ne faut jamais ni despotiser, ni tromper les hommes. La nature, en nous lançant sur cet univers, nous créa libres et athées ; la force morigina la faiblesse, voilà les rois ; l’imposture trompa la sottise, voilà les dieux ; or, je ne vois dans tout cela que des coquins et des fantômes, mais pas la plus légère inspiration