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on s’embarque à-peu-près dans le même trajet que parcourait la barque de Caron ; ce cap forme un port assuré dont les Romains connaissaient toute l’importance ; c’est là où était la flotte de Pline, lors de l’irruption du Vésuve, qui lui coûta la vie : quelques débris annoncent l’importance de cette ancienne ville ; on descend de-là à Bauli, où se voit le tombeau d’Agrippine ; ce fut sur la partie de mer qui fait face à ce village, que s’exécuta le brisement de la barque, dans laquelle Néron fit périr sa mère ; mais le stratagême ne réussit pas : Agrippine et ses femmes, qui revenaient d’une fête à Bayes, tombèrent à l’eau sans se noyer ; l’impératrice aborda le lac Lucrin, et put gagner sa maison ; ce qui rend fort douteuse la tradition qui place à Bauli le tombeau de cette femme célèbre.

J’aime, me dit Clairwil, en parlant de ce trait, la manière pleine d’artifice dont Néron se défait de sa mère ; il y a là une cruauté, une perfidie, un abandon de toute vertu, qui me rendent Néron bien cher : il avait été très épris d’Agrippine, Suétone nous assure qu’il s’était souvent branlé pour elle, et il la tue. O Néron ! laisse-moi vénérer ta