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Je pense absolument comme vous deux sur le duel, dit Olimpe, et j’espère que vous m’avez assez estimée pour ne pas me confondre avec ces femmes imbécilles qui ne font cas d’un homme qu’en raison de ce que, pour une offense prétendue, il va faire, au coin d’un pré, le vil métier de gladiateur : je méprise bien souverainement un alguasil de cette espèce ; cela peut être délicieux dans un valet-de-chambre ou dans un soldat, ces gens-là doivent se battre comme des porte-faix… mais un homme d’esprit… un homme riche, renoncer à ses études, à son aisance, pour aller prêter le collet à un fier-à-bras, qui n’a d’autre talent que de croiser le fleuret, et qui ne l’a insulté que parce qu’il était sûr de s’en défaire… Mettre l’honneur à aller bravement faire raison à des coquins de cette espèce… qu’il faut être plat pour s’y hasarder ! oui, plat, il y a de la bassesse à donner aux autres de l’avantage sur soi, et à risquer d’aller perdre en un instant, pour rien, tous les agrémens, tous les avantages qu’on a reçus de la nature. Laissons ce ridicule mérite aux siècles grossiers de la chevalerie errante ; ce n’est point pour spadassiner comme un soldat que les