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tion pareille, est que le combat ait lieu, si vous le voulez absolument, mais avec une disproportion prodigieuse encre les combattans ; et que celui qui a manqué, bien loin de songer à renouveller ses injures, ne doive et ne puisse s’occuper que de sa propre défense. Et quel droit peut-il donc avoir, pour attaquer encore après ce qu’il a fait ? Nos usages, sur cela, sont d’une injustice atroce, et nous font servir de risée dans les trois autres parties du monde, assez sages pour sentir, que quand on fait tant que d’avoir à se venger, on doit le faire, sans risquer soi-même sa vie. Je vais plus loin, répondis-je à Clairwil, et je pense que le combat est une chose aussi absurde que ridicule. Il est odieux qu’un homme aille risquer sa vie, parce qu’il a été insulté : la raison et la nature ne nous dictent alors que de nous défaire de notre ennemi, et nullement d’aller nous exposer nous même avec lui, quand c’est une réparation qu’il nous doit. Nos ayeux, bien plus sages, se battaient par procureurs ; des champions, au moyen d’une somme réglée, se présentaient pour vuider la querelle, et le droit restait au plus fort : il y avait au moins, dans cet arrangement,