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tien de ce despotisme, dès que tu veux rester sur le trône : rends donc heureux tout ce qui sait sentir, si tu veux l’être toi-même ; car dès que ceux-là ne jouiront pas, sois-en bien certain, Ferdinand, ils t’empêcheront de jouir à leur tour. — Et le moyen ? — La plus grande liberté de penser, de croire, et de se conduire ; brise tes freins moraux ; l’homme qui bande veut être libre comme la bête : si tu vas comme en France lui fixer l’autel où il faut que son foutre coule, en le courbant, par des bêtises, sous le joug odieux d’une morale puérile, il te le rendra d’une manière plus dure. Les fers remis à tes mains pour eux, par des pédans ou par des prêtres, t’enchaîneront bientôt toi-même et peut-être jusqu’à l’échafaud, où te conduira sa vengeance[1]. — Il ne faudrait donc pas de mœurs, selon vous, dans un gouvernement ? — Aucunes, que celles qu’inspire la nature. Vous rendrez toujours l’homme

  1. On a remarqué qu’il n’y avait jamais tant eu de réglemens de police, de loix relatives aux mœurs, etc., que dans les dernières années des règnes de Charles Ier. et de Louis XVI.