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able d’un grand sacrifice. Christine, reine de Suède, abjura sa couronne par philosophie : brise ton sceptre par bienfaisance, quitte les rênes d’un gouvernement assez mal organisé, pour n’enrichir que toi : songe que les Rois ne sont rien dans le monde ; les peuples tout : abandonne à ce peuple seul, le soin de redonner du ton aux ressorts d’une machine qui n’ira jamais bien loin sous ton gouvernail ; laisse Naples vivre en république : ce peuple, je l’ai bien étudié, est aussi mauvais esclave, qu’il deviendrait bon citoyen ; rends-lui donc l’énergie qu’enchaîne ton pouvoir, et tu auras produit deux biens à-la-fois… celui de faire trouver en Europe un tyran de moins, et celui d’y faire admirer un peuple de plus. »

Ferdinand qui m’avait écouté avec attention, me demanda, dès que j’eus fini, si toutes les Françaises raisonnaient comme moi, sur la politique ? Non, lui dis-je : la plus grande partie analyse mieux des pompons que des royaumes : elles pleurent, quand on les opprime ; elles sont insolentes, dès que les fers tombent. Pour moi, la frivolité n’est point mon vice ; je n’en dis pas autant du libertinage… j’y tiens excessive-