Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propage dans toutes les classes. Qu’arrive-t-il ? que la population diminue, en raison de ce que le luxe augmente, et que l’état dépérit insensiblement, en proportion du coloris trompeur qu’il acquiert par ces vils moyens.

» Mais c’est dans vos mariages, et dans vos prises d’habits sur-tout, que ce luxe devient aussi ridicule que cruel : dans le premier cas, vous diminuez sur la dot de la malheureuse fille, afin de l’embellir un seul jour ; dans le second, vous auriez de quoi lui trouver un mari, de ce que vous dépensez à la céremonie ridicule, qui doit l’en priver toute sa vie. Ce qu’il a de particulier, Ferdinand, c’est que, quoique tes sujets soient pauvres, tu es riche ; et tu le serais bien davantage, si tes prédécesseurs n’avaient vendu l’État en détail, pour avoir de l’argent en gros. Un État qui a des intérêts de commerce réciproques, peut balancer ses revers par ses avantages ; mais un peuple avec qui tout le monde négocie, et qui ne négocie avec personne ; un peuple qui, en matière de commerce fait la chouette à toute l’Europe, doit s’appauvrir nécessairement ; telle est l’histoire de ta nation, mon cher prince ;