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qu’un geolier, plus effrayant encore que son maître, parut en nous apportant un plat de fève. Tenez, nous dit-il d’une voix rauque, ménagez-les, car on ne vous apportera plus rien. Eh, quoi ! m’empressai-je de répondre, est-ce que le supplice que l’on nous prépare serait de mourir de faim ? — Non ; mais vous serez, je crois, expédiées demain ; et, jusques-là, madame n’imagine pas que ce soit trop la peine de dépenser de l’argent pour former en vous des étrons que vous ne chierez pas. — Eh ! savez-vous, mon cher, le genre de mort qui nous est préparé ? — Cela dépendra du caprice de madame, notre commandant lui laisse ce soin ; elle fait sur cet objet tout ce qu’elle veut ; mais, comme femme, votre mort sera plus douce que celles de vos gens ; madame Brisa-Testa n’est sanguinaire qu’avec le hommes ; avant que de les immoler elle en jouit… elle les tue quand elle en est lasse. — Et son mari n’est donc point jaloux ? — Nullement, il fait de même avec les femmes, il s’en amuse et les abandonne ensuite à madame, qui dicte leur arrêt et souvent l’exécute lorsque monsieur, blasé sur ces sortes de plaisirs, lui abandonne