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d’en demander la réforme, parce qu’on craint, avec raison, que cette réforme ne fasse naître infiniment plus d’abus qu’elle n’en détruirait ; on laisse les choses comme elles sont, néanmoins tout va de travers, et comme il n’y a pas plus d’émulation pour le gouvernement que pour les arts, personne ne se mêle des affaires publiques, ou s’en dédommage en se livrant au luxe… à la frivolité… aux spectacles. Il en arrive que le goût des petites choses remplace chez vous celui des grandes, que le tems qu’on devrait à celles-ci, se passe à celui qu’on donne aux futilités, et que vous serez subjugués tôt ou tard par celui qui voudra de vous… Pour prévenir ce malheur, la situation de ton état aurait besoin d’une armée navale : j’ai bien vu quelques troupes de terre chez toi, mais pas un vaisseau ; avec cette insouciance, avec cette condamnable apathie, ta nation perd le titre de puissance maritime, auquel sa situation lui donne des droits ; et comme tes forces de terre ne t’en dédommagent pas, tu finiras par n’être rien. Les peuples qui s’aggrandiront, se moqueront de toi, et si jamais une révolution vient à régénérer quelques-uns d’entre eux, tu seras