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chées, d’honneur, de ne pas y être comprises, que je ne le suis moi, du grand honneur que vous imaginez peut-être qu’il me fait. — Voilà sans doute, une réponse singulière. — Ah ! je sais bien que pour plaire aux rois, il faudrait toujours les flatter, et moi qui n’observe dans eux que des gens ordinaires, je ne leur parles jamais que pour leur dire des vérités. — Mais si elles sont dures ? — Pourquoi les méritent-ils ? Et à quel titre s’imaginent-ils qu’on ne leur doit pas la vérité toute nue, comme aux autres hommes ? est-ce parce qu’ils ont besoin de la connaître ? — C’est parce qu’ils la craignent davantage. — Qu’ils soient justes, qu’ils renoncent au vain orgueil de vouloir enchaîner les hommes, et ils l’aimeront au lieu de la craindre. — Mais, madame, voilà des discours. — Qui t’étonnent, Ferdinand ; je le vois, tu t’es imaginé sans doute, que flattée de ton choix, j’allais ne t’aborder qu’à genoux, que j’allais t’adorer… te servir… non, l’orgueil que mon sexe et ma patrie m’inspire, ne se prêtent point à de tels usages. Ferdinand, si j’ai bien voulu t’accorder le rendez-vous que tu sollicitais ; c’est que je me suis cru plus de force que