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taine, après un combat d’une heure, s’emparèrent de ce trésor, et le conduisirent à leur chef. Me voilà riche pour le reste de ma vie, dit l’heureux frère de Clairwil…… Voyez dans quel moment nous arrive ce bonheur ! c’est dans des mains souillées d’uxoricide, d’infanticide, de sodomie, de meurtres, de prostitution, d’infamies, que le ciel vient placer ces richesses ; c’est pour me récompenser de ces horreurs, qu’il les met à ma disposition, et vous ne voudriez pas que je crusse que la nature n’est honorée que par des crimes ? Ah ! jamais mes systêmes ne changeront sur cet objet, et je m’y livrerai sans cesse, puisque les suites en sont si heureuses. Carle-Son, dit le capitaine, avant que de compter, prends sur ces charriots, cent mille écus pour toi ; je te les donne pour te témoigner toute la satisfaction que j’ai reçue de ton courage et de ta fermeté, dans la scène dont tu viens de nous fournir les acteurs : Carle-Son baisa les genoux de son patron, pour le remercier. Vous le voyez, mesdames, nous dit le capitaine, je ne me cache pas de l’extrême tendresse que j’ai pour ce garçon, et quand on aime, il faut le prouver avec de l’argent ; j’imaginais que la jouissance ma