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tine que voilà, poursuivit Carle-Son, en désignant la fille de quinze ans, fut le second ; Ernelinde le dernier. Peu après la naissance de celle-ci, je vins en Russie ; quelques affaires d’état me firent envoyer en Sibérie, d’où je me sauvai avant que de me lier avec Borchamps dans Tifflis. Je retrouve cette chère famille, je vous la présente, en vous suppliant d’en faire absolument tout ce que vous voudrez : je suis jaloux de prouver à mon capitaine que je ne tiens pas plus que lui aux liens du sang. Madame, dit Borchamps à Rosine, ayez la bonté de nous expliquer le reste.

Hélas, monsieur, dit la belle Rosine ! abandonnée de ce perfide, je passai comme je le pus, les premières années de son absence, lorsqu’un legs considérable venant de m’écheoir, j’employai une partie de mon argent à chercher mon époux en France, en Italie, où l’on m’avait assuré que je le trouverais : je n’aspirais qu’au bonheur de conduire ses enfans dans son sein paternel. Quelle a été ma surprise de ne le revoir qu’à la tête d’une troupe de scélérats… Le monstre ! voilà donc l’infâme métier qu’il faisait, pendant que, constamment attachée à mes