Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cheveux, et les enfonçant dans le même buisson d’épines, nous les en arrachions et les replongions de manière à les déchirer jusqu’aux os ; rien d’attendrissant comme leurs cris, rien de vif comme les plaisirs que nous en ressentions… Oh juste ciel ! qu’ai-je donc fait, pour être traitée de cette manière, disait Philogone, en se précipitant à mes genoux, vous, qui vous dites mon père, s’il est vrai que je sois votre fille, prouvez-le donc en me traitant avec plus de bonté… et vous, ma mère… mon infortunée mère, faut-il donc qu’un même coup nous frappe au moment où la main du ciel nous rejoint. Mon père ! mon père je n’ai pas mérité de vous un tel sort ; faites-moi grace, je vous en conjure. Mais, sans seulement écouter ces plaintes, Carle-Son et moi, nous garottons les deux garces, et nous étant munis de poignées d’épines, nous les étrillons de toutes nos forces ; le sang coule bientôt de toutes parts ; il n’en faut pas d’avantage pour me faire aussi-tôt rebander ; je suce avec d’incroyables délices ce sang qui distille du corps de Philogone ; c’est le mien, pensai-je, et cette idée me faisait incroyablement bander ; je savoure cette bouche