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quatre soldats un jeune Russe beau comme le jour, et qui faisait bander Voldomir presqu’aussi roide que moi. Je ne quittais pas la culotte du jeune soldat, duquel deux trois fois de suite mon camarade me chicana la possession ; j’étais à la fin dans son cul, lorsque j’aperçus Voldomir s’approcher de moi le poignard à la main ; je me saisis à l’instant de ma dague, et sans quitter le cul du soldat dans lequel mon foutre allait s’élancer, j’atteins Voldomir au flanc gauche et le fais tomber dans les flots de son sang. Foutre, dit Tergowitz, qui sodomisait un des autres soldats, voilà ce qu’on appèle une vigoureuse action ! Faut-il l’avouer, Borchamps, je ne suis point fâché que tu nous aies défait de ce bougre-là : crois que bientôt son despotisme nous eût sacrifiés nous-mêmes. J’achève mon coup, je décharge : jamais un meurtre n’arrêta le foutre, au contraire. Puis allumant ma pipe : Va, mon ami ; dis-je à Tergowitz, je n’aurais jamais traité notre camarade de cette manière, si, depuis bien long-tems, je n’eusse pas reconnu dans lui tous les vices destructeurs d’une société telle que la nôtre ; jurons-nous maintenant une éternelle fidélité tous deux, et nous saurons bien nous