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pussent se satisfaire d’une façon plus luxurieuse, plus agréable et plus commode en même tems. Le libertinage, la beauté des habitans de la Géorgie paraissaient nous promettre, à cet égard, tout ce que nous pouvions desirer.

Tifflis est situé au bas à une montagne, sur le bord du fleuve Kur qui traverse la Géorgie ; il renferme d’assez beaux palais. Ayant dévalisé suffisamment de voyageurs dans notre route pour posséder à-peu-près deux ou trois mille roubles chacun, nous nous logeâmes d’abord avec assez de magnificence ; nous achetâmes de belles filles pour nous servir ; mais le Polonais qui ne voulait pas même que le sexe approchât de lui, prit un superbe Géorgien escorté de deux jeunes esclaves Grecs, et nous nous délassâmes un peu des rigueurs de la longue et fastidieuse route que nous venions de faire. Le principal commerce de Tifflis est celui des femmes : on les vend là publiquement pour les sérails d’Asie et de Constantinople, comme les bœufs dans un marché ; chacun a le droit d’aller les examiner et les manier dans les hangards où on les expose presqu’au sortir de nourrice, jusqu’à l’âge de quinze ou