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désespoir d’être dominé, le desir de tyranniser moi-même les autres[1].

D. Le bonheur des peuples entre-t-il pour quelque chose dans vos vues ?

R. Je n’y vois que le mien propre.

D. Et quel rôle jouent les passions dans votre manière de considérer tout en politique ?

R. Le plus grand ; je n’ai jamais cru que ce qu’on appelle un homme d’état, eut d’autres véritables penchans, que la plus entière satisfaction de ses voluptés : ses plans, les alliances qu’il forme, ses projets, ses impôts, jusqu’à ses loix, tout tend à son individuelle félicité. Jamais le bonheur public n’entre pour rien dans ses méditations, et ce que le peuple hébété lui voit faire, n’est jamais que pour se rendre plus puissant ou plus riche.

D. Ensorte que si vous étiez l’un ou l’autre, vous ne tourneriez ces deux avantages qu’à ceux de vos plaisirs ou de vos jouissances ?

R. Ce sont les seuls Dieux que je connaisse, les seuls délices de mon ame.

  1. Esprit de la révolution de Stockolm n’auriez-vous point, par hasard, passé dans Paris ?