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voici les personnages que nous trouvons rassemblés.

Steno et sa femme vous sont connus, ils se levèrent pour nous recevoir et nous présentèrent aux six personnes que je vais peindre : c’étaient trois sénateurs et leurs femmes. Le plus âgé des hommes pouvait avoir cinquante ans ; on le nommait Eric-Son, l’air noble et majestueux, mais quelque chose de dur dans le regard et de brusque dans le langage : son épouse se nommait Frédegonde ; elle avait trente-cinq ans, plus de beauté que de gentillesse, les traits un peu mâles mais fiers ; ce qu’on appelle une belle femme : le second sénateur avait quarante ans, il s’appelait Rolf ; une vivacité prodigieuse, infiniment d’esprit, mais une méchanceté répandue dans les traits. Amélie, sa femme, avait à peine vingt-trois ans ; c’était bien la figure la plus piquante, la taille la plus agréable, la bouche la plus fraîche, les yeux les plus fripons et la peau la plus belle qu’il fût possible de voir au monde ; on n’a point en même-tems ni plus d’esprit ni l’imagination plus ardente ; on n’est ni plus libertine ni plus délicieuse. Amélie me frappa, j’en conviens. Le troisième sénateur se nommait