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que chose. Je suivis mon amant, il me manqua ; je lui fis rendre le même tour qu’il avait joué à mon amie. Sophie sut mon histoire ; elle aimait le crime… elle adore bientôt ma personne. Les développemens de mon caractère lui plurent, nous nous branlâmes ; je fus initiée dans tous ses secrets ; c’est à elle que je dois les principes dans lesquels je suis si bien affermie maintenant : quoique j’aie fini par la voler, il n’en est pas moins vrai que je l’ai constamment chérie. Le prodigieux libertinage de son esprit, le feu de son imagination, tout m’attachait à elle ; et, sans la crainte que m’inspirèrent ses dernières propositions, je ne l’aurais peut-être jamais quitté de ma vie. — Emma, je vous connais ; vous vous seriez promptement ennuyée de n’être que l’instrument passif du crime des autres, vous auriez fini par ne plus vouloir en commettre que pour votre compte, et tôt ou tard, vous auriez quité cette femme. Était-elle jalouse ? — horriblement. — Vous permettait-elle au moins des femmes ? — Jamais d’autres que celles qu’elle associait à ses plaisirs. — Je vous le répète, Emma, vous n’auriez pas vécu long-tems avec So-