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qui attenterait aux siens. À la première folie où ce même orgueil l’avait entraîné… à cette stupidité révoltante de se croire sorti d’une divinité… de se supposer une ame immortelle, ouvrage céleste de cette main savante, à cet aveuglement atroce, il devait, sans doute, ajouter celui de se croire sans prix sur la terre : eh ! comment, en effet, l’œuvre chérie d’une divinité bienfaisante, comment le favori du ciel aurait-il pu ne pas penser ainsi ; les peines les plus rigoureuses devaient incontestablement être décernées contre le destructeur d’une aussi belle machine. Cette machine était sacrée ; une ame, image brillante d’une divinité plus brillante encore, animait cette machine dont la désorganisation devait être le crime le plus affreux qui pût se commettre : et tout en raisonnant ainsi, il mettait à sa broche, pour assouvir sa gourmandise, il faisait bouillir dans son pot, pour appaiser sa faim, ce mouton paisible et tranquille, créature formée par la même main que lui, et sur laquelle il ne l’emportait que par une construction différente. Avec un peu d’étude pourtant, il se fut beaucoup moins estimé ; un coup-d’œil plus philosophique sur cette nature, qu’il