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justice des hommes, pour s’en composer une à sa guise, qui sera toujours la meilleure quand elle servira nos passions et nos intérêts, parce qu’il n’est que cela seul de sacré dans le monde, et que nous n’avons vraiment tort que toutes les fois que nous préférons des chimères, à des sentimens donnés par la nature véritablement outragée des sacrifices que nous aurions la faiblesse de leur faire. Il est faux, comme le dit votre demi-philosophe Montesquieu, que la justice soit éternelle, immuable, de tous les tems et de tous les lieux : elle ne dépend que des conventions humaines, des caractères…… des tempéramens…… des lois morales d’un pays. Si cela était, continue le même auteur[1], si la justice n’était qu’une suite des conventions humaines, des caractères, des tempéramens, etc., ce serait une vérité terrible qu’il faudrait se déguiser à soi-même… et pourquoi donc se déguiser des vérités aussi essentielles ? en est-il une seule que l’homme doive éviter ?… elle serait dangereuse, poursuit Montes-

  1. Pag. 192 de ses Lettres Persannes.