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tice changeront sur-le-champ : il n’y aura plus de juste que ce qui le flattera, plus d’équitable que ce qui servira ses passions, et cette prétendue justice naturelle bien analisée, ne sera jamais que celle de ses intérêts : réglons toujours nos lois sur la nature, c’est le moyen de ne nous jamais tromper. Or, combien d’injustice ne lui voyons-nous pas commettre journellement ! y a-t-il rien de si injuste que les grêles dont sa main ravage l’espérance du pauvre, tandis que par un caprice bisarre, la moisson du riche sera respectée, et les guerres dont elle désole le monde entier par les seuls intérêts du tyran, et les fortunes dont elle permet que le scélérat jouisse, pendant que l’honnête homme est dans la misère. Ces maladies dont elle dépeuple des provinces entières, ces triomphes multipliés qu’elle donne au vice, pendant qu’elle humilie chaque jour la vertu ; cette protection qu’elle accorde journellement au fort sur le faible, tout cela est-il juste, je le demande, et pouvons-nous nous supposer coupables en l’imitant ?

» Il n’y a donc aucune espèce de mal à violer tous les principes imaginaires de la