là pour obtenir ta grâce aux conditions que tu t’en
rendras digne. — Hélas ! Madame, que faut-il faire,
m’écriai-je en larmes, ordonnez-moi, je ſuis
toute prête ? — Nous ſuivre, t’enrôler avec nous,
& commettre les mêmes choſes ſans la plus légère
répugnance, à ce ſeul prix je te ſauve le reſte. Je
ne crus pas devoir balancer ; en acceptant cette
cruelle condition, je courais de nouveaux dangers,
j’en conviens, mais ils étaient moins preſſans
que ceux-ci ; peut-être pouvais-je m’en garantir,
tandis que rien n’était capable de me ſouſtraire à
ceux qui me menaçaient. J’irai par-tout, Madame,
dis-je promptement à la Dubois, j’irai par-tout, je
vous le promets, ſauvez-moi de la fureur de ces
hommes, & je ne vous quitterai de ma vie.
Enfans, dit la Dubois aux quatre bandits, cette fille eſt de la troupe, je l’y reçois, je l’y inſtalle ; je vous ſupplie de ne point lui faire de violence ; ne la dégoûtons pas du métier dès les premiers jours ; vous voyez comme ſon âge & ſa figure peuvent nous être utiles, ſervons-nous-en pour nos intérêts, & ne la ſacrifions pas à nos plaiſirs.
Mais les paſſions ont un degré d’énergie dans l’homme, où rien ne peut les captiver. Les gens à qui j’avais affaire n’étaient plus en état de rien entendre, m’entourant tous les quatre, me dévorant de leurs regards en feu, me menaçant d’une maniere plus terrible encore ; prêts à me ſaiſir, prêts