faiſait n’était qu’à deſſein de m’éprouver ; que
j’étais bien heureuſe d’avoir réſiſté à ſes propoſitions…
Que j’étais perdue ſi j’avais ſuccombé…
Je me payai de ce menſonge ; mais je ſentis
bientôt le tort que j’avais eu de répondre auſſi
fermement : les malfaiteurs n’aiment pas à trouver
de la réſiſtance dans ceux qu’ils cherchent à
ſéduire ; il n’y a malheureuſement point de milieu
dès qu’on eſt aſſez à plaindre pour avoir reçu
leurs propoſitions : il faut néceſſairement devenir
dès-lors ou leurs complices, ce qui eſt fort dangereux,
ou leurs ennemis, ce qui l’eſt encore
davantage. Avec un peu plus d’expérience, j’aurais
quitté la maiſon dès l’inſtant, mais il était déjà
écrit dans le Ciel que chacun des mouvemens
honnêtes qui devrait éclore de moi, ſerait
acquitté par des malheurs.
M. du Harpin laiſſa couler près d’un mois, c’eſt-à-dire, à-peu-près juſqu’à l’époque de la fin de la ſeconde année de mon ſéjour chez lui, ſans dire un mot, & ſans témoigner le plus léger reſſentiment du refus que je lui avais fait, lorsqu’un ſoir venant de me retirer dans ma chambre pour y goûter quelques heures de repos, j’entendis tout-à-coup jetter ma porte en dedans, & vis, non ſans effroi, Monſieur du Harpin conduiſant un Commissaire & quatre Soldats du Guet près de mon lit. Faites votre devoir, Monſieur, dit-il à l’homme de juſtice, cette malheureuſe m’a volé