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s’y colle, ſes regards le dévorent… il eſt au comble du plaiſir.

Si vous, le trouvez bon, Madame, dit la belle Théreſe, je vais me borner à vous expliquer ici l’hiſtoire abrégée du premier mois que je paſſai dans ce Couvent, c’eſt-à-dire les principales anecdotes de cet intervalle ; le reſte ſerait une répétition ; la monotonie de ce ſéjour en jetterait ſur mes récits, & je dois immédiatement après paſſer, ce me ſemble, à l’événement qui me ſortit enfin de ce cloaque impur.

Je n’étais pas du ſouper ce premier jour, on m’avait ſimplement nommée pour aller paſſer la nuit avec Dom Clément ; je me rendis ſuivant l’uſage dans ſa cellule quelques inſtans avant qu’il n’y dût rentrer, le frere geolier m’y conduiſit, & m’y enferma.

Il arrive auſſi échauffé de vin que de luxure, ſuivi de la fille de vingt-ſix ans qui ſe trouvait pour lors de garde auprès de lui ; inſtruite de ce que j’avais à faire, je me mets à genoux dès que je l’entends ; il vient à moi, me conſidere dans cette humiliation, puis m’ordonne de me relever, & de le baiſer ſur la bouche ; il ſavoure ce baiſer pluſieurs minutes & lui donne toute l’expreſſion… toute l’étendue qu’il eſt poſſible d’y concevoir. Pendant ce temps, Armande, c’était le nom de celle qui le ſervait, me déshabillait en détail ; quand la partie des reins, en bas, par la-