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ſant, il examine cet état, il en jouit, & me laiſſant dans la poſture ſi favorite d’eux tous, il pelote un inſtant ſur les deux demi-lunes qui défendent l’entrée ; il ébranle en fureur les portiques du temple, il eſt bientôt au ſanctuaire ; l’aſſaut quoiqu’auſſi violent que celui de Sévérino, fait dans un ſentier moins étroit, n’eſt pourtant pas ſi rude à ſoutenir ; le vigoureux athlete ſaiſit mes deux hanches, & ſuppléant aux mouvemens que je ne puis faire, il me ſecoue ſur lui avec vivacité ; on dirait aux efforts redoublés de cet Hercule que non content d’être maître de la place, il veut la réduire en poudre. D’auſſi terribles attaques, auſſi nouvelles pour moi, me font ſuccomber, mais ſans inquiétude pour mes peines, le cruel vainqueur ne ſonge qu’à doubler ſes plaiſirs ; tout l’environne, tout l’excite, tout concourt à ſes voluptés ; en face de lui, exhauſſée ſur mes reins, la fille de quinze ans, les jambes ouvertes, offre à ſa bouche l’autel ſur lequel il ſacrifie chez moi, il y pompe à loiſir ce ſuc précieux de la Nature dont l’émiſſion eſt à peine accordée par elle à ce jeune enfant ; une des vieilles à genoux devant les reins de mon vainqueur, les agite & de ſa langue impure animant ſes déſirs, elle en détermine l’extaſe, pendant que pour s’enflammer encore mieux, le débauché excite une femme de chacune de ſes mains ; il n’eſt pas un de ſes ſens qui ne ſoit chatouillé, pas un qui ne concourre à la