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pour ménager à l’Ordre cette retraite obſcène exiſtant depuis plus de cent ans, & toujours remplie par les quatre Religieux les plus riches, les plus avancés dans l’Ordre, de la meilleure naiſſance, & d’un libertinage aſſez important pour exiger d’être enſevelis dans ce repaire obſcur, dont le ſecret ne ſortait plus, ainſi que vous le verrez par la ſuite des explications qui me reſtent à faire ; revenons aux portraits.

Les huit filles qui ſe trouvaient pour lors au ſouper, étaient ſi diſtantes par l’age qu’il me ſerait impoſſible de vous les eſquiſſer en maſſe ; je ſuis néceſſairement contrainte à quelques détails : cette ſingularité m’étonna ; commençons par la plus jeune, je peindrai dans cet ordre.

À peine cette plus jeune des filles avait-elle dix ans : un minois chiffonné, de jolis traits, l’air humiliée de ſon ſort, craintive, chagrine & tremblante.

La ſeconde avait quinze ans : même embarras dans la contenance, l’air de la pudeur avilie, mais une figure enchantereſſe, beaucoup d’intérêt dans l’enſemble.

La troiſième avait vingt ans : faite à peindre, blonde, les plus beaux cheveux, des traits fins, réguliers & doux ; paraiſſant plus apprivoiſée.

La quatrième avait trente ans : c’était une des plus belles femmes qu’il fût poſſible de voir ; de la candeur, de l’honnêteté, de la décence dans le