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réſolus donc de mettre tout en uſage pour ſavoir ce qu’elle était devenue, & pour y parvenir, tous les moyens me parurent bons.

Dès le lendemain, me trouvant ſeule au logis, j’en parcours ſoigneuſement tous les coins ; je crois entendre quelques gémiſſemens au fond d’une cave très-obſcure… Je m’approche, un tas de bois paraiſſait boucher une porte étroite & reculée ; j’avance en écartant tous les obſtacles,… de nouveaux ſons ſe font entendre ; je crois en démêler l’organe… Je prête mieux l’oreille… je ne doute plus. — Théreſe, entends-je enfin, ô Théreſe eſt-ce toi ? — Oui, chère & tendre amie, m’écriai-je, en reconnaiſſant la voix de Roſalie… Oui, c’eſt Théreſe que le ciel envoye te ſecourir,… & mes queſtions multipliées laiſſent à peine à cette intéreſſante fille le temps de me répondre. J’apprends enfin que quelques heures avant ſa diſparution, Rombeau, l’ami, le confrere de Rodin, l’avait examinée nue, et qu’elle avait reçu de ſon père l’ordre de ſe prêter, avec ce Rombeau, aux mêmes horreurs que Rodin exigeait chaque jour d’elle ; qu’elle avait réſiſté, mais que Rodin, furieux, l’avait ſaiſie & préſentée lui-même aux attentats débordés de ſon confrere ; qu’enſuite, les deux amis s’étaient fort long-temps parlé bas, la laiſſant toujours nue, & venant par intervalle l’examiner de nouveau, en jouir toujours de cette même manière criminelle, ou la