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ISABELLE DE BAVIÈRE


les remercia et leur dit qu’il se rendait au conseil qu’il recevait. Le lendemain, le cardinal fut empoisonné.

Voilà ce qu’on risquait dans ces siècles de minorité, où l’anarchie nourrissant l’égoïsme vous rendait nécessairement l’ennemi capital de celui dont les intérêts contrariant les vôtres ne pouvaient embrasser vos vues. La fin tragique du cardinal fit beaucoup de bruit ; mais il fut facile de voir d’où le coup partait ; il le fut également de démêler la part qu’Isabelle avait eue à la délibération qui tendait à sortir le roi de tutelle. Il était clair que la convocation de cette assemblée et la délibération qui y fut prise n’était que l’effet des intrigues d’Isabelle avec le duc de Touraine : tous deux voulant mener le roi ne devaient avoir pour but que d’éloigner de lui tout ce qui gênait cette intention.

« Ces intrigants ont assez pillé, disait Isabelle au duc de Touraine ; c’est maintenant notre tour… » Et c’était à dix-neuf ans que cette femme audacieuse osait parler ainsi !

Tout changea à la cour du moment que les oncles paternels du roi se retirèrent ; le seul duc de Bourbon, oncle maternel, et le duc de Touraine, que nous n’appellerons plus que le duc Louis d’Orléans, furent les seuls qui demeurèrent auprès