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ISABELLE DE BAVIÈRE


mal parlé de ce bon prince, et le lui disant à lui-même : Comment voulez-vous que cela soit autrement, répondit Charles, je lui ai rendu tant de services !

Ce seul mot nous semble suffisant pour peindre le caractère du jeune monarque, et prouve à quel point, en le mariant, il eût fallu lui chercher une femme digne de lui. Que de prospérités pouvaient affluer sur l’épouse qui, par un heureux mélange de ses vertus à celles d’un aussi bon prince, eût répandu sur la France entière le bonheur dont ils eussent été comblés tous les deux ! Mais ce qui peut convenir aux hommes n’est pas toujours conforme aux décrets de la providence, qui trouve précisément dans ce qui les afflige le plus sûr moyen de les corriger.

Isabelle, fille d’Étienne, duc de Bavière, choisie pour partager le sort de Charles, était-elle digne de ce prince ? Disons mieux : l’était-elle du trône qu’on lui destinait, si elle ne possédait pas les qualités de celui qui l’y plaçait auprès de lui ?

Isabelle avait près de seize ans, et le roi en avait dix-sept, lorsque les oncles du jeune monarque pensèrent à ce mariage.

Avec les grâces et les charmes ordinaires de son âge, il régnait néanmoins dans les traits d’Isabelle une sorte de fierté peu commune à seize ans. Dans ses yeux, fort grands et fort noirs,