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ISABELLE DE BAVIÈRE


larmes de ce bon peuple coulaient également et sur ses propres malheurs et sur ceux de son roi chéri. Les orateurs peuvent exalter en chaire les qualités du prince qu’ils perdent, mais aucun éloge, quelque pompeux qu’il soit, n’est aussi sincère ni aussi touchant que les larmes du peuple. C’est par ces larmes si précieuses et si douces que l’Éternel accorde au prince qui les fait couler la récompense céleste qu’il promet à la vertu. Il ne leur dit pas, aux rois, quand ils paraissent aux pieds de son trône : « Si quelques flatteurs vous ont loués, vous êtes digne de moi » ; mais s’ils ont été pleurés de leurs sujets, il leur dit : « Placez-vous à ma droite, puisque vous étiez mon image sur la terre. »

Dès que le corps de Charles eut été placé à Saint-Denis dans sa dernière demeure, le héraut d’armes qui avait crié dans l’église ! Priez pour l’âme de Charles VI ! cria au même instant : Vive Henri de Lancastre, roi de France et d’Angleterre ! Alors le duc de Bedford qui remplaçait son frère rentra dans la capitale, faisant porter une épée nue devant lui, ce qui jamais n’avait été pratiqué par aucun de nos souverains, et ce qui remplit le peuple de crainte et de terreur.

Les intérêts de la reine se trouvant toujours liés à ceux de l’Angleterre, on sent bien qu’elle fit tout ce qu’elle put pour hâter l’exécution du traité