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ISABELLE DE BAVIÈRE


dans son cœur. Ses yeux se tournant sur la triste habitation de son véritable prince se remplissaient de larmes, en le voyant, humble spectateur de ces joies indécentes, manquer des choses les plus nécessaires à la vie.

Ô monstre, unique cause de ces douloureux contrastes, n’éprouvas-tu donc nul remords ?… Aucun… aucun sans doute : le remord bien souvent ramène à la vertu, et ton cœur était trop loin d’elle.

Quelques mémoires secrets rapportent qu’un homme déguisé l’aborda dans une de ces fêtes, et lui dit à l’oreille : Athalie ne se repentira-t-elle donc jamais de tourmenter Joas ? — Je ne me repens que de t’avoir laissé la vie, répondit Isabelle, en reconnaissant le seigneur qui lui parlait ainsi pour un des plus fermes partisans de l’ancienne faction orléanaise, et comme je n’aime pas le remords, poursuivit-elle, va subir ton destin. Elle le fit aussitôt arrêter et plonger dans une prison, d’où il ne sortit de ses jours.

Mais il devait enfin tonner dans son âme, ce cri terrible du remords : il s’éveille toujours où les passions s’endorment.

Il restait encore des cœurs français dans la capitale. Une femme (car c’est presque toujours dans l’âme ardente des femmes que s’allume cette