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ISABELLE DE BAVIÈRE


son amant, furieuse contre un fils qui servait les passions de son plus mortel ennemi et venait de lui faire enlever ses richesses, pleine de mépris pour le monarque imbécile qu’on lui avait donné pour époux, Isabelle enfin, dévorée du désir de se venger, ne s’occupait plus que des moyens de briser ses fers lorsqu’elle apprit que le duc s’approchait d’elle pour la délivrer. Elle lui écrivit à l’instant par Le Clerc, valet de chambre de Bois-Bourdon, qu’elle avait trouvé le secret de conserver. Elle suppliait le duc, au nom de tout ce qu’il pouvait avoir de plus cher, de venir la mettre à même de continuer à servir efficacement une faction à laquelle elle serait toujours prête de sacrifier jusqu’à sa vie. Le duc, très empressé de répondre à une femme aussi importante pour lui, quitta le siège de Corbeil, qu’il faisait alors, pour voler à elle. Il se rend à Tours, seulement escorté de huit cents hommes, dont soixante environnent l’abbaye de Noirmoutier où la reine s’était rendue sous le prétexte de quelques saints devoirs. Faveuse, qui commande cette petite troupe, entre précipitamment dans l’église, se saisit de la reine, charge de fers deux de ses surveillants ; le troisième est trop heureux de se sauver par la sacristie. Le duc arrive, Tours se soumet et la reine prend avec lui la route de Chartres.