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ISABELLE DE BAVIÈRE


éclatante de l’ennemie de sa faction. On devait en rester là ; toute publicité dans cette affaire la rendait fort dangereuse.

Dès le même jour, Isabelle fut obligée de se rendre au lieu de son exil ; elle y fut sous la garde de trois surveillants, obligés de répondre de sa conduite. Le dauphin Charles[1] avait eu trop de part à tout ce qui venait de se passer et principalement à la soustraction des trésors pour ne pas devenir de ce moment l’objet de la haine et de la vengeance de sa mère, et quand on eut éprouvé les malheurs qui résultèrent de cette scission, on sentit toute l’inconvenance de l’éclat qu’on venait de faire.

Sans doute les crimes doivent être punis, et surtout des crimes de cette nature ; mais il est des circonstances où l’ostentation que l’on met au châtiment du coupable devient plus nuisible que ses forfaits, et c’est alors que, pour un moment au moins, la justice doit céder à la prudence.

Certes, Bois-Bourdon devait être puni ; Isabelle devait l’être également ; mais si le roi et le connétable eussent plus écouté leur politique que leur vengeance, auraient-ils donné l’un et l’autre tant de publicité à cette aventure ? N’était-il pas pré-

  1. Le seul qui resta, que nous ne désignerons plus que par son titre et qui régna sous le nom de Charles VII.