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ISABELLE DE BAVIÈRE


espérances du duc et de son adhérente, et tous les deux se flattaient toujours de ressaisir bientôt l’autorité que leur envahissait le connétable.

Ce fut pendant le temps que d’Armagnac s’occupait à repousser les Anglais à Harfleur qu’Isabelle trouva le moyen d’ourdir une affreuse conspiration dans Paris, mais avec un tel mystère qu’elle ne fut soupçonnée de personne : en effet, aucun historien ne l’en accuse, et nous l’ignorerions nous-mêmes sans les pièces du procès de Bois-Bourdon, le seul homme auquel elle eût confié cet important projet et le seul qu’elle employa pour le servir[1].

Cette conspiration appuyée des troupes que le duc de Bourgogne tenait cantonnées dans les environs de Paris et des nombreux partisans qu’il continuait d’avoir dans l’intérieur de cette ville devait éclater le Vendredi Saint et fut remise au jour de Pâques. Le projet était d’égorger sans distinction tous les Armagnacs[2], d’enfermer provisoirement le roi et le chancelier, de charger de chaînes le roi de Sicile et le duc de Berri, de les raser, de les promener en cet état sur deux bœufs dans tous les quartiers de Paris et de les massacrer ensuite, ainsi que tous les princes et le malheureux monarque lui-même, jusqu’à présent épargné par

  1. 14e liasse, fo 1 et sq.
  2. Ci-devant Orléanais.