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ISABELLE DE BAVIÈRE

Le duc Jean fit redemander la dauphine, la dot et le douaire : on lui répondit qu’on lui renverrait volontiers sa fille, mais que le roi était lui-même dans une telle détresse qu’il lui était impossible de satisfaire aux autres demandes.

Pendant ce temps, le comte d’Armagnac, empressé de profiter des faveurs qui venaient de lui être accordées, se hâta de venir à Paris. Il accepta l’épée de connétable, et ne fut pas plus tôt revêtu de l’autorité qu’on lui confiait que la face des événements se montra sous des formes encore plus hideuses : les délations, les emprisonnements, les supplices même vinrent de nouveau consterner tous les citoyens. Des larmes, dont la source n’était point encore tarie coulèrent avec plus d’abondance et d’amertume. La seule Isabelle trouva dans ces malheurs publics tout ce qui pouvait le mieux nourrir son espoir.

« Voilà ce que j’ai voulu, disait-elle à Bois-Bourdon, voilà ce qui va préparer mon triomphe[1] : il coûtera des pleurs et du sang, je le sais ; qu’importe à mon ambition ? aucun obstacle à mes désirs de quelque nature qu’ils puissent être maintenant. Il paraît affreux, sans doute, de devoir son bonheur au malheur des autres ; mais ce bonheur,

  1. 10e liasse, fo 18.