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ISABELLE DE BAVIÈRE


vient de se couvrir de gloire est le seul qui doive régner sur elle et je serai toujours bien plus maîtresse du trône sur lequel il siégera que de celui qu’occupe un époux imbécile et dont pourrait hériter un dauphin indécis et chancelant qui n’eut jamais d’opinion que celle des vils courtisans qui l’entourent. La France est lasse d’être gouvernée par des idiots : il lui faut un roi comme Henri qui, trop heureux d’être étayé du duc de Bourgogne et de moi, fera toujours tout ce qui pourra plaire à l’un et à l’autre. Il épouse ma fille, et je vous l’ai dit, Bourdon, j’aime mieux que le sceptre soit tenu par mon gendre que par mon époux. »

Dès que le duc de Bourgogne eut appris la faveur que venait de recevoir le comte d’Armagnac, il s’en plaignit ouvertement : comment, disait-il, en sa qualité de prince du sang et du plus grand seigneur de la France, comment n’avait-on pas jeté les yeux sur lui ? et qui mieux que lui devait être en état de défendre ou de secourir la patrie ?

On ne répondit à ses plaintes que par une défense expresse d’approcher de la cour, ajoutant à cela que, s’il voulait prouver son zèle à cette patrie dont il parlait, il lui suffisait d’envoyer ses troupes contre les ennemis qui la menaçaient. Il avait les forces nécessaires au succès de ce qu’on désirait de lui, et en acceptant il effaçait tous les torts de