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ISABELLE DE BAVIÈRE


abandonnée à l’épouse qu’on choisissait à son fils ? Pouvait-elle espérer de nourrir au second rang toutes les passions qu’elle assouvissait au premier ? Il fallait renoncer à tout, se retirer même de la cour sans s’occuper davantage de ce qui s’y passait, sans y prendre aucune espèce de part, et ne plus voir qu’en simple particulière ce qu’elle n’envisageait autrefois qu’en reine : était-ce, nous le demandons, la femme la plus altière, la plus ambitieuse de son siècle qui pouvait se soumettre à cet état subalterne ? Mais, au contraire, ne conservait-elle pas tous ses droits avec un prince qu’elle-même conduirait en France et qui se trouvait l’époux de celle de ses filles qu’elle aimait le mieux, d’une fille qui servirait toujours et les volontés et les passions de sa mère ? Cela ne valait-il pas assurément beaucoup mieux que d’être une souveraine sans pouvoirs, dont les torts se rappelleraient tous les jours, et dont on finirait peut-être par se défaire, si on lui reconnaissait encore quelques penchants à ces mêmes torts. Par le moyen de sa fille, elle conservait sur ce nouveau roi de France tout l’empire qu’elle ne pouvait que perdre infailliblement, étant veuve ou l’épouse d’un fou.

Le temps pressait : Charles, n’ayant que de très légers intervalles de raison, devait lui-même être nécessairement écarté des affaires si tôt que le