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ISABELLE DE BAVIÈRE

Ici, la reine, beaucoup plus politique que ne le croyaient les historiens de son règne, parut en proie au chagrin et au désespoir, ainsi que nous l’attestent ces bonnes gens, aussi dupes en cela que le furent ceux qui les copièrent : Isabelle était trop adroite pour se conduire d’une manière différente.

La pleine autorité, dont le duc de Bourgogne s’empara pour lors, et le long séjour de la reine à Melun engagèrent les contemporains à parler comme nous venons de le dire, et cela, parce que ceux qui font l’histoire du règne où se sont passés les événements qu’ils décrivent, les transmettent toujours d’après les passions des gens qui les leur racontent, et que ceux qui suivent ne faisant que copier leurs devanciers se rendent nécessairement coupables des mêmes mensonges. Une longue suite d’années fait disparaître toutes ces erreurs ; la main du temps dévoile enfin la vérité qui, succédant aux passions des écrivains ou de ceux qui les ont instruits, ne présente plus que des personnages dépouillés de leurs masques et n’offrant plus à la postérité que les vices dénués du prestige qui avait si cruellement trompé leur siècle.

Certes, il y avait une intelligence trop forte entre le duc de Bourgogne et la reine, pour que celle-ci pût s’affliger de l’immense autorité qu’exer-