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ISABELLE DE BAVIÈRE


aussitôt apporter les clefs de la ville, elle put lire sur le front de ces bons habitants à quel point ils étaient contents d’elle. De ce moment son insolence s’accrut en raison de ses succès.

La duchesse d’Orléans ne fut pas longtemps sans la suivre. Elle était loin de se douter de la part qu’Isabelle avait au meurtre de son époux : la croyant toujours son amante, il s’en fallait bien qu’elle la soupçonnât d’un tel crime, et la reine accoutumée à la dissimulation, mêla ses larmes à celles de Valentine.

Rien à la fois de sombre et d’imposant comme l’entrée de cette princesse. La jeune douairière d’Angleterre, épouse de Charles d’Orléans, figurait dans cette marche lugubre. Les habitants de Paris partagèrent un instant cette douleur, mais sans que l’affection qu’ils portaient au duc de Bourgogne en fût diminuée.

Qu’on nous permette de placer ici une réflexion qui nous paraît bien importante à l’intelligence de cette histoire.

On demande ce qui put engager les Parisiens à croire que le duc de Bourgogne, si digne du surnom de Jean sans Peur, eût pu fuir de Paris, rien que sur les craintes d’y voir arriver quelques soldats de Bretagne. Cette faiblesse est-elle dans son caractère ? et ne doit-on pas regarder cette fuite