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ISABELLE DE BAVIÈRE

« Madame, dit le duc Jean à la reine en entrant chez elle, c’est en vain que vous avez cru régner seule sur le cœur du duc d’Orléans ; vous avez une rivale, et cette rivale est ma femme : c’est de mon cousin, c’est de votre amant même que je viens d’en recevoir la preuve ; ici nos intérêts deviennent les mêmes : réunissons-nous donc pour les servir et qu’un même poignard conduit par vos mains et les miennes fasse jaillir le sang impur qui coule dans les veines de ce perfide. En vous offrant de partager avec moi le crime nécessaire qui doit nous venger tous deux, en vous en supposant le courage, c’est vous prouver que je connais tous ceux que vous commettiez avec lui. Les motifs qui vous rendaient complice de son ambition et de sa rapacité seraient-ils donc plus sacrés pour vous, que ceux qui doivent vous engager à servir ma haine pour un homme qui nous outrage l’un et l’autre si grièvement ? les jouissances de l’intérêt l’emporteraient-elles sur celles de la vengeance ? les premières pouvaient vous valoir des honneurs de plus, mais celles-ci, Madame, un déshonneur de moins. Avec bien plus de moyens que lui de vous prouver mon zèle, je vous en offre comme lui les effets les plus certains ; l’amour qu’il vous jura paraissait le sceau de ce zèle, vous voyez comme il vous trompait ; un sentiment semblable, mais plus