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ISABELLE DE BAVIÈRE


tous les grands coupables : plus les qualités qu’ils offrent sont brillantes, plus les vices qu’elles cachent sont dangereux.

Ce parallèle bien établi dans l’esprit de la reine, dont les projets exigeaient un homme aussi exercé dans le bien que dans le mal, elle ne balança plus à préférer le duc de Bourgogne à un amant dont elle était lasse et qui n’avait tout au plus que la moitié des vices et des vertus dont elle avait besoin.

Isabelle ne flottait donc presque plus lorsque l’événement qui suit acheva de la décider.

Louis, aussi galant qu’indiscret, ose se vanter un jour d’être l’amant de la duchesse de Bourgogne, et pour mieux convaincre de sa bonne fortune, il montre à l’époux de cette princesse le portrait de celle qui le trahit. Au même instant la perte de Louis est jurée dans le cœur de l’époux qu’il outrage ; aussi adroit sur les moyens de l’opérer, que sur ceux d’associer à sa cause tout ce qui peut lui être utile, comme si l’ange des ténèbres qui distillait ses poisons goutte à goutte dans l’âme d’Isabelle eût servi de guide au duc de Bourgogne, c’est chez la reine elle-même que le conduit ce génie des enfers.

Quelle meilleure preuve de l’influence de la fatalité sur les hommes ! Et que de destinées allaient dépendre de cette funeste visite !