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ISABELLE DE BAVIÈRE


envelopperaient Charles, deviendraient bientôt pour Isabelle ceux de l’oubli le plus profond.

Isabelle s’assurait l’entière possession du trône qu’elle partageait avec Charles, en ne l’y faisant siéger qu’à son gré.

D’Orléans recouvra donc, par l’événement de la rechute du roi, ce qu’on voulait encore lui faire perdre, et la reine lui continua ses bons offices.

Cependant, l’animosité la plus entière continuait de subsister entre deux hommes assez célèbres, assez puissants, pour que leurs querelles dussent ouvrir des plaies, dont la France saignerait bien longtemps : cette idée naissait dans toutes les têtes, on en frémissait.

L’adroite Isabelle se convainquit fermement, enfin, que quels que fussent les forces et le crédit des deux rivaux, Louis d’Orléans, déjà perdu dans l’opinion publique, devait inévitablement succomber sous un homme revêtu de la confiance du peuple, aimé de son roi, bien plus courageux, bien plus entreprenant, bien plus hardi dans le crime que ne l’avait jamais été d’Orléans. Quelle différence d’ailleurs, et de richesses et de titres ! Louis, à la vérité, était frère de Charles VI, mais le duc de Bourgogne possédant des propriétés bien plus étendues que celles de son cousin, il était fortement appuyé par ses deux frères, à l’un desquels il venait