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ISABELLE DE BAVIÈRE


lui quelquefois valait bien mieux que l’obscurité profonde dans laquelle il eût végété, si on ne lui eût pas accordé la faveur de le ruiner.

Cependant, aucun des officiers ni des domestiques de la maison du roi n’était payé ; ses enfants même manquaient de tout, et la misère générale, rampant auprès du luxe, craignait même de l’étourdir de ses trop douloureux accents. La superstition s’alliait avec tous ces désordres. D’Orléans et la reine parcouraient les églises ; ils en augmentaient le faste, ils prodiguaient de riches offrandes à ceux qui les desservaient ; mais ils repoussaient durement le pauvre qui réclamait au nom du ciel sa faible subsistance ; et méprisant ainsi les préceptes de la plus sainte et de la plus respectable des religions, ce n’était qu’en les outrageant qu’ils prétendaient leur rendre hommage… Aveuglement bien coupable sans doute, puisqu’il met, à la place de la véritable vertu, tout ce que l’hypocrisie et l’inhumanité peuvent produire de plus effrayant !

C’était pourtant du sein de cette religion, avilie par ceux qui avaient un si grand intérêt à la faire généralement respecter, qu’allait sortir l’apôtre assez courageux pour faire parvenir au trône le langage de la vérité.

Un religieux nommé Jacques le Grand, prêchant devant la cour, osa lancer de la tribune