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ISABELLE DE BAVIÈRE


dépendre d’une femme aussi dangereuse. « Ce fut alors, disent les historiens, que l’ingrate Isabelle parut oublier les devoirs les plus sacrés, le respect conjugal et la tendresse maternelle. Le roi fut abandonné aux mains mercenaires qui voulurent le soigner ; ses propres enfants manquèrent de tout : tandis qu’elle disposait des revenus de son souverain et des tributs arrachés à la nation, il ne restait pas même à l’infortuné Charles la force de s’irriter d’un si coupable abus de ses bienfaits. Averti, par quelques domestiques fidèles, de l’état déplorable où se trouvaient ses enfants, il fit appeler une gouvernante qui lui avoua en pleurant qu’ils manquaient d’habits et de nourriture : « Hélas ! répondit le malheureux monarque en soupirant, je ne suis pas mieux traité. »

Et voilà donc où conduit l’abus du pouvoir, dans une âme basse et flétrie, tant il est vrai que la corruption des mœurs est le berceau de tous les crimes !

Le crédit du duc de Bourgogne se soutenait ; le peuple n’oubliait pas qu’il s’était sans cesse opposé à toutes les déprédations de ses rivaux. Ce fut lui qui, malgré la reine et d’Orléans, projeta le mariage de Louis, troisième enfant mâle de Charles, avec Marguerite de Bourgogne, sa petite-fille ; mais cet établissement, qui ne flattait pas assez