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ISABELLE DE BAVIÈRE


seul de ces troubles qui ne remplît ses coffres, et ne servît son ambition ?

L’admission que le roi fit d’elle au conseil vint pourtant la consoler ; mais ce malheureux prince qui croyait par là balancer les factions, ne fit que fortifier celle qui était la plus dangereuse pour lui, malgré la ridicule précaution qu’il prit de faire faire à tous les membres de ce conseil le serment de n’obéir qu’à lui : comme si les serments pouvaient enchaîner ceux dans le cœur desquels ils ne sont pas empreints par le zèle et la fidélité.

Encouragée par ce premier succès, Isabelle crut pouvoir franchir toutes les bornes. Les passions ressemblent aux volcans : plus leurs laves s’ouvrent d’issues, plus leurs ravages s’étendent. Nous l’avons dit, tous les désordres de la nature absolument égaux dans leurs causes, ont à peu près les mêmes effets. Que cette réflexion ne serve qu’à fortifier en nous le désir de combattre ces dangereuses passions ; celui qui nous les inspire, les modère, quand nous le lui demandons avec ferveur.

Cependant, Isabelle craignait de perdre d’un côté ce qu’elle acquérait de l’autre et, qu’ainsi qu’on avait déféré le gouvernement au duc d’Orléans, on ne déférât de même la régence au duc de Bourgogne. Que devenait en ce cas la frêle autorité d’Isabelle ?