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ISABELLE DE BAVIÈRE


plus tôt chez lui qu’il comprend toute l’étendue du danger qui le menace. Il veut se consoler avec le duc d’Orléans qu’il croit son ami ; mais Louis l’évite, il est à Creil près du roi son frère. Clisson voit qu’il n’est plus aucune ressource pour lui ; il s’évade par une porte secrète de sa maison, gagne Montlhéry, une de ses places, où il n’est pas plus tôt arrivé qu’il y apprend les ordres qu’on a de l’arrêter. Il vole dans sa province, où la quantité de places qu’il possède semble lui offrir un asile. Des commissaires du Parlement se transportent en Bretagne pour l’ajourner : on ne le trouve pas, c’est tout ce que veut la reine, son calcul est simple : « S’il paraît, avait-elle dit, le roi qui l’aime, lui fera grâce ; s’il est contumax, il est perdu. » Eh ! qui connaissait mieux que cette femme adroite l’art de perdre ses ennemis ?

Cette perfide créature l’avait également senti, on ne pouvait opposer à Clisson, s’il paraissait, que des crimes absolument du ressort de la justice ordinaire et dont l’absolvait le renvoi à l’autorité royale. Il était bien plus sûrement perdu par un arrêt ; et cet arrêt, promptement rendu, contenait en substance que le connétable était faux, mauvais, traître, déloyal envers le gouvernement. Le malheureux fut en conséquence condamné à une amende de cent mille marcs d’argent, et privé de