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ISABELLE DE BAVIÈRE


d’accord avec Isabelle, déguisait ses affreux projets ; tous deux agissaient d’après les mêmes intentions : perdons-le si nous le pouvons, ayons l’air de le protéger si le coup manque.

Il était manqué, le coup : il fallait donc avoir l’air d’aimer le connétable, jusqu’à la possibilité de l’écraser entièrement.

Les ennemis de ce malheureux connétable pouvaient-ils être maintenant mieux servis qu’ils l’étaient par les circonstances ? plus de guerres en Bretagne, plus de projets en sa faveur, toute la cour irritée d’en avoir beaucoup trop fait pour lui, nulle envie de poursuivre encore ses meurtriers : quel beau moment pour terrasser l’hydre qu’on avait redoutée, et dont l’extrême crédit avait alarmé tous les princes ! On en profita.

Le connétable vint à l’hôtel d’Artois, prendre les ordres du duc de Bourgogne. Dès lors tous les intérêts sont réunis, sa perte est résolue ; on veut faire instruire son procès.

« Clisson, lui dit le duc de Bourgogne, vous ne devez pas vous mêler du gouvernement, c’est un grand malheur que vous vous en soyez enquis, et la preuve en est que vous seriez bien en peine de dire comment vous sont venues les richesses que vous possédez. »

Clisson se retire sans répondre ; mais il n’est pas