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ISABELLE DE BAVIÈRE


secondes. Ce fut seulement alors, que le duc de Touraine obtint du roi le duché d’Orléans, dont par la suite il porta toujours le nom, que pour la plus parfaite intelligence de cette histoire, nous lui avons fait prendre, peut-être, un peu trop tôt.

Telle fut également l’époque où Craon consomma sur le connétable le crime que nous avons déjà fait pressentir, afin de faire connaître d’avance les raisons qui déterminèrent cette exécration, due si l’on veut à la barbarie, à la dépravation du siècle, mais qui sous aucun rapport n’aurait jamais dû souiller la main d’un gentilhomme français.

Craon, depuis longtemps, rassemblait en secret dans son hôtel des armes de toute espèce. Quelques jours avant l’exécution de ce qu’il projetait, quarante scélérats s’y introduisirent avec le même mystère ; presque tous étaient Bretons.

« Mes amis, leur dit-il la veille, il s’agit ici de venger votre prince, vous connaissez les torts du connétable de Clisson envers le duc de Bretagne. Instruit de ses secrets, il les a tous trahis, et croyant que la vérité ne réussirait pas encore à perdre Charles de Blois dans l’esprit du roi de France, il y a joint la plus insigne calomnie : il a osé dire que votre souverain négociait une coupable alliance avec les Anglais contre Charles