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ISABELLE DE BAVIÈRE


ce qui est produit par les autres ? L’âme n’est-elle pas altérée dans toutes les maladies de l’homme ? Et comment le serait-elle sans son intime liaison avec le corps ? Les facultés intellectuelles, en un mot, sont-elles autre chose que les facultés matérielles ? Le cerveau de l’homme lésé par les accidents de la folie, ne peut-il pas, comme la membrane veloutée de son estomac, être corrodé par un poison quelconque ; et si l’acte désorganisateur est au fond le même et ne diffère que par la nature du venin employé, qui nous dira que les recherches de la botanique ne doivent pas fournir ce qui peut altérer l’un, comme ce qui peut déranger l’autre ? Une seule difficulté nous arrête : n’errons-nous pas dans la majeure de notre proposition, et dans ce cas toutes les conséquences ne sont-elles pas fausses ? Est-il vrai que les facultés morales soient de la même nature que les facultés physiques ? Ce doute nous ramènerait à des siècles de ténèbres heureusement dissipées pour nous ; ne craignons donc pas d’errer sur ce fait. La folie qui attaque les facultés morales ne les trouble que parce qu’elles sont physiques ; elle ne les dérange que par la raison que tout ce qui attaque le moral lèse infailliblement le physique, et vice versa, et la folie n’étant qu’une maladie attaquant à la fois l’âme et le corps peut donc se donner, comme elle